Plus de 40% des espèces de coraux sont menacées d’extinction – Liste rouge de l’UICN
Bakou, Azerbaïdjan, 13 novembre 2024 (UICN) – Quarante-quatre pour cent des espèces coralliennes bâtisseuses de récifs dans le monde sont menacées d’extinction, révèle la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées™ à la suite d’une évaluation mondiale présentée aujourd’hui lors de la conférence des Nations Unies sur le climat, COP29, qui se déroule actuellement en Azerbaïdjan.
L’état de conservation de 892 espèces de coraux d’eaux chaudes bâtisseurs de récifs a désormais été réévalué pour la Liste rouge de l’UICN, et l’analyse montre que 44% d’entre elles sont menacées d’extinction. Les menaces pesant sur les coraux bâtisseurs de récifs avaient été évaluées pour la dernière fois pour la Liste rouge de l’UICN en 2008, et un tiers d’entre eux étaient alors menacés.
« Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent à Bakou pour la conférence des Nations Unies sur le climat, cette évaluation mondiale met en lumière les effets de l’évolution rapide du climat pour la vie sur Terre, et la sévérité des conséquences », a déclaré la Dr Grethel Aguilar, Directrice générale de l’UICN. « Des écosystèmes sains comme des récifs coralliens sont cruciaux pour l’existence humaine - ils nous apportent de la nourriture, stabilisent les littoraux et stockent du carbone. La protection de notre biodiversité est non seulement vitale pour notre bien-être mais cruciale pour notre survie. Le changement climatique reste la principale menace pour les coraux constructeurs de récifs, et dévaste les systèmes naturels dont nous dépendons. Nous devons prendre des actions ambitieuses et décisives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre si nous voulons assurer un avenir durable à l’humanité ».
Les changements climatiques sont la principale menace pour les espèces coralliennes bâtisseuses de récifs. Les évaluations ont pris en compte les menaces actuelles et futures, telles que l’augmentation prévue des événements de réchauffement et de blanchiment principaux, à partir des données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur les scénarios de réchauffement futurs. En plus des changements climatiques et des graves épisodes de blanchiment qui y sont associés, les coraux sont également affectés par des menaces plus locales, notamment la pollution, le ruissellement agricole, les maladies et la pêche non durable.
Par exemple, le corail corne de cerf (Acropora cervicornis) et le corail corne d’élan (Acropora palmata), deux espèces En danger critique dans les Caraïbes, ont connu des déclins importants en raison d’une augmentation du réchauffement et de la pollution des eaux, ainsi que des graves impacts de la maladie dite des bandes blanches.
« Nous devons réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et prendre des mesures pour faire face aux menaces locales si nous voulons donner aux récifs coralliens une chance de survivre », a déclaré Beth Polidoro, Coordinatrice de l’Autorité de la Liste rouge sur les coraux de la Commission de l’UICN pour la sauvegarde des espèces et Professeure agrégée, École de mathématiques et de sciences naturelles de l’Université d’État de l’Arizona. « En agissant dès maintenant, nous pourrons ralentir le rythme du réchauffement des océans et élargir la fenêtre d’opportunité pour que les coraux s’adaptent et survivent potentiellement à long terme. Il ne s’agit pas seulement de préserver la beauté spectaculaire des récifs de coraux. Les écosystèmes coralliens soutiennent également les communautés côtières de pêcheurs, stabilisent les littoraux et les habitats côtiers, et aident à éliminer le carbone de l’océan, entre autres avantages ».
La principale solution pour sauver les coraux de l’extinction est une réduction des émissions de gaz à effet de serre, accompagnée de mesures visant à faire face aux menaces locales qui contribuent également à renforcer la résilience de l’espèce. Les auteurs de l’évaluation recommandent également des recherches plus poussées afin de déterminer si et comment les coraux peuvent s’adapter à des eaux plus chaudes, les preuves d’une telle adaptation étant limitée jusqu’à présent.
« Nous savons depuis des décennies que les récifs coralliens sont en première ligne des crises mondiales du climat et de la biodiversité, et ce nouveau résultat ne fait que le confirmer. Sans décisions pertinentes de la part de ceux qui ont le pouvoir de changer cette trajectoire, nous assisterons à une nouvelle perte de récifs et à la disparition progressive d’espèces coralliennes à des échelles de plus en plus grandes », a déclaré le Dr David Obura, Coprésident du Groupe de spécialistes des coraux de la CSE-UICN.
La majorité des coraux se trouvent dans la région indopacifique. Au sein de celle-ci, la région de l’Asie du Sud et du Sud-Est compte le plus grand nombre d’espèces menacées (266), suivie de l’Océanie, de l’Asie de l’Est et de l’Asie occidentale et centrale.
L’évaluation mondiale des coraux bâtisseurs de récifs comprend également 85 espèces atlantiques, mises en évidence dans un article de la revue PLOS ONE également publié aujourd’hui. Les espèces de coraux de l’Atlantique sont particulièrement menacées par des épisodes annuels de blanchiment sévères, la pollution et les impacts de maladies.
L’évaluation mondiale présentée aujourd’hui couvre tous les coraux bâtisseurs de récifs, généralement présents dans les eaux chaudes, les habitats photosynthétiques et formant les récifs colorés que l’on trouve dans les zones océaniques tropicales et subtropicales. Des évaluations de la Liste rouge des coraux d’eau froide, présents dans les eaux plus froides et plus profondes du monde entier et ne dépendant pas de la lumière du soleil, sont également en cours. Vingt-deux espèces de coraux d’eau froide ont déjà été évaluées à ce jour sur un total de plus de 4 000. Les principales menaces affectant ces espèces comprennent certaines activités de pêche, en particulier le chalutage de fond, l’exploitation minière en haute mer, les forages pétroliers et gaziers ou l’installation de câbles en haute mer. Le corail d’eau profonde Desmophyllum pertusum, évalué comme Vulnérable, est un exemple parmi d’autres. L’acidification et le réchauffement futurs des océans en raison des changements climatiques constituent également une menace.
« Les espèces marines sont menacées par les changements climatiques et les activités humaines, mais les impacts ne sont pas toujours visibles. L’état des coraux souligne cela et montre également à quel point il est important d’élargir la Liste rouge pour y inclure encore plus d’espèces océaniques », a déclaré la Professeure Julia Sigwart, Responsable de Malacologie à l’Institut de recherches et musée Senckenberg, un Partenaire de la Liste rouge.
Formés sur des centaines d’années, les récifs coralliens sont les écosystèmes marins les plus riches en biodiversité. Les changements climatiques provoquent une hausse de la température de l’eau et un rayonnement solaire plus intense, ce qui entraîne un blanchiment des coraux et des maladies souvent responsables d’épisodes de mortalité massive des coraux. Les coraux bâtisseurs de récifs ont une relation symbiotique avec des algues appelées zooxanthelles, qui donnent aux coraux leurs couleurs vives. Le blanchiment des coraux est le résultat d’une réaction de stress à l’augmentation de la température de l’eau, par laquelle les algues sont expulsées des tissus coralliens.
Citations de référence :
« Cette évaluation mondiale des coraux tire la sonnette d’alarme pour une action collective urgente visant à stopper le déclin des récifs coralliens dans le monde. La Fondation MSC est fière de s’associer à l’équipe de la Liste rouge des coraux de l’UICN, qui a fait un travail exceptionnel en collectant les données les plus fiables pour évaluer et rendre compte de l’état des coraux bâtisseurs de récifs dans le monde », a déclaré Daniela Picco, Directrice exécutive de la Fondation MSC. « La Liste rouge de l’UICN guide notre Fondation dans sa prise de décisions philanthropiques fondées sur la science, pour des efforts de conservation durables et à fort impact, qui contribuent à la préservation de notre planète bleue. Elle continuera d’être une ressource vitale pour notre fondation familiale pendant des générations ».
« La dernière évaluation mondiale apporte des nouvelles troublantes pour les coraux avec plus de 340 espèces actuellement considérées comme menacées d’extinction. Il reste beaucoup à faire pour assurer l’avenir de ces espèces et des récifs vitaux qu’elles construisent. Un océan sans récifs coralliens fonctionnels serait une triste réalité, soulignant le besoin urgent de trouver des solutions à la crise climatique tout en s’attaquant à la crise actuelle des coraux », a déclaré le Professeur David Smith, Conseiller scientifique en chef de la Fondation MSC. « Le rapport de l’UICN met en évidence deux espèces coralliennes clés, au cœur de nos recherches collaboratives axées sur l’identification de génotypes coralliens résilients améliorant l’efficacité et, par extension, le succès des efforts de restauration conçus pour reconstruire les écosystèmes coralliens critiques ».
Notes du rédacteur :
La Fondation MSC a fourni un soutien qui a rendu possible cette évaluation mondiale des coraux.
Des financements ont également été reçus de National Geographic et Eurofins, et des cofinancements de partenaires tels que CORDIO East Africa, l’Université d’État de l’Arizona et ZSL, entre autres.
À l’occasion du 60e anniversaire de la Liste rouge, l’UICN et les Partenaires de la Liste rouge ont lancé une campagne mondiale sur les réseaux sociaux visant à sensibiliser et mobiliser des fonds afin d’accélérer les évaluations et réévaluations d’espèces. Cette campagne culminera lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Abu Dhabi, en octobre 2025. En savoir plus sur la campagne.
L’Évaluation mondiale des coraux a été réalisée par le Groupe de spécialistes des coraux de la CSE-UICN, en collaboration avec d’autres Partenaires de la Liste rouge, notamment l’Université d’État de l’Arizona et Senckenberg, ainsi que l’Unité d’évaluation de la biodiversité marine de l’Université Old Dominion. Plus de 160 experts du monde entier ont participé à l’Évaluation mondiale des coraux au cours de la dernière décennie.