Les populations autochtones, difficiles d’accès, du Gabon face à la pandémie du Covid-19
CEESP News: by Emmanuel MVE MEBIA, Anthropologue, Membre CEESP, Gabon
En Afrique, l’IPACC (Comité de Coordination des Peuples Autochtones d’Afrique) signale que l’absence d’eau potable, comme le manque de logements décent équipés de sanitaires, pose un risque réel de développement du Covid-19.La Cour Africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) souligne aussi le fait que les mesures étatiques ont un impact disproportionné sur les vies autochtones: la fermeture des marchés entraîne une perte des revenus et la restriction de mobilité cloisonne davantage les populations autochtones difficiles d’accès du Gabon.
Cultural events site in Imfondo. Photo by E. Mvé Mebia
Ces populations autochtones d sont impliquées dans un projet conjoint. : Nature des pandémies et leur évolution au Gabon
En 1994, les signes annonciateurs de la première pandémie, le virus Ebola étaient perceptibles dans le secteur Minvoul, plus précisément dans les villages Mféfé-Nlame, Zangaville et Bitouga (villages Baka) où un singe aurait été consommé causant la mort de 3 personnes, dont 2 Baka.
En 1996, la même épidémie d’Ebola décima une partie des habitants du village Mayibout, localisé au nord du Gabon, sur la rivière Ivindo près du Congo. 31 cas liés au virus Ebola furent recensés, dont 21 fatal.. Un hôpital fut installé à Makokou pour y soigner les malades atteints. L'épidémie fut circonscrite à cette région.
Tout comme dans le premier cas signalé, l'épidémie était causée par le cadavre d'un singe mort qui fut ramassé aux alentours du village. Tous les villageois, qui le manipulèrent, furent contaminés par le virus. Ceux qui en mangèrent, sans l'avoir touché cru, n'eurent pas de symptômes de la maladie (la chaleur détruit le virus). La période d'incubation fut de l'ordre de trois semaines.
En 1999, ce fut le tour des villages Ilaonènè, Maboula et Ekata (département de la Zadié) qui enregistrèrent plusieurs décès, dont la plupart étaient les Bakoya. Cependant, l’histoire de la région de Minkebe (secteur de la rivière Oua) confirme les ravages de la fièvre hémorragique à virus Ebola en 1925, ayant causé l’exode de Makina, qui migrèrent plus au sud vers Booué.
Comment vivre, se nourrir, et se soigner en temps de pandémie?
Le confinement du « grand Libreville » et la suspension de la vie économique affecte les populations difficiles d’accès. La rupture de la chaîne de distribution de biens et services reliant le noyau urbain « Libreville » aux communautés éloignées engendre un manque de besoins fondamentaux. En général, la population urbaine qui occupe des emplois plus ou moins précaires, perd son revenu quotidien tandis que les populations difficiles d’accès du Gabon sont plus affectées par la rupture de la chaîne de distribution de biens et services.
l’Union Africaine (UA) ne reste pas passive.
Toutefois, le financement est bien l’un des défis de l’Afrique pour faire face à la crise sanitaire du Coronavirus. Les défis économiques sont importants. Les Etats négocient et les institutions financières internationales de même que les institutions panafricaines ont commencé à débloquer des fonds,. Mais pour aller plus vite, l’Union africaine a nommé quatre envoyés spéciaux dont l’ex-patron du Crédit Suisse Tidjane Thiam. https://afrique.latribune.fr/decideurs/2020-04-13/covid-19-la-puissante-task-force-de-l-union-africaine-pour-mobiliser-les-finances-845023.html
L’organisation d’une «Task force» de l’Afrique demeure une « option sûre pour ramener les Etats africains sur la voie de la croissance ». Aussi, les autorités gabonaises soutiennent-elles cette initiative : http://news.alibreville.com/h/95588.html.
Le Fonds Mondial pour l’Agriculture (FAO)
La FAO a alerté la communauté internationale de l’impact de la pandémie sur les modes de la production et de la consommation alimentaire des populations autochtones. La question alimentaire n’est pas séparable des questions sanitaires, sociales, économiques et environnementales.
Si l’idée est d’éviter que les personnes autochtones se déplacent vers la ville, pour les protéger de la contagion au covid-19, il faut dès à présent s’organiser pour fournir de la nourriture à l’intérieur du territoire.
Présentation Générale des cas déclarés au Corona virus (26 mai 2020)
Analyse SWOT
La crise sanitaire liée au covid-19 dévoile un grand nombre de manquements, en termes de planification et d’acheminement d’ aides aux populations vulnérables, dont les résultats sont toujours attendus dans le cadre des priorités du Groupe International de Travail sur les Peuples Autochtones. https://gitpa.org/Peuple%20GITPA%20500/GITPA%20500-9WEBDOCGABONENTREE.htm?fbclid=IwAR0vPtAjrIYSmfAgOK_wR832OQU0Z_KFmuOY7e85WH8DHn1tkOb-lq2w_eo
Comme faiblesse, nous observons :
- L’importation accrue des produits alimentaires
- La forte dépendance de la production extérieure
- La forte demande de produits d’usage domestique (savon)
- La forte demande de produits vivriers
- L’environnement local non conforme aux mesures d’hygiène requises
- La non-couverture du programme de sensibilisation à la pandémie
- La non-distribution de kits alimentaire, etc.
Comme opportunités, il est indispensable de mettre en place :
- Des Centres de Santé Communautaire, devant répondre aux besoins des populations d’accès difficiles,
- Un programme de formation adapté aux attentes de développement endogène (agriculture, tourisme, artisanat),
De l’application progressive au non application des mesures barrières
Si dans les centres urbains comme Libreville et Port-Gentil et autres grandes agglomérations africaines, les mesures barrières sont respectées, à l’intérieur du pays, force est de constater la faible application desdites mesures (port de masque, distanciation sociale, lavage fréquents des mains, etc.) nécessitent une assistance permanente et multiforme visant à renforce le programme de protection sociale des populations autochtones difficiles d’accès