SOPACA : Suivi de l’État des Aires Protégées et Conservées en Afrique orientale et australe
Dans le cadre du Forum régional africain pour la conservation (RCF), le lancement du rapport sur l’État des Aires Protégées et Conservées (SOPACA) pour l’Afrique orientale et australe constitue un bilan important des progrès réalisés et des défis à venir pour la conservation dans la région.

Les savanes vert-brun du parc national de Nairobi, grouillant de la faune emblématique d'Afrique de l'Est qui se prélasse sous la silhouette de l'une des villes les plus animées d'Afrique, ont servi de cadre au lancement d'une publication majeure de l'UICN et du Centre Régional de Ressources. Le rapport sur l’État des Aires Protégées et Conservées (SOPACA) constitue une évaluation sans précédent des progrès des États en matière de conservation basée sur les aires dans la région.
Publié pour la première fois en 2020 et évaluant les progrès réalisés par rapport à l’Objectif d’Aichi 11, cette deuxième édition, lancée lors d'une session-déjeuner au Forum Régional Africain pour la Conservation (RCF), évalue désormais les avancées par rapport au nouvel Objectif 3 du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal (KMGBF).
Les informations compilées et présentées dans le rapport SOPACA visent à fournir aux gouvernements les données nécessaires pour prendre des décisions éclairées, suivre les progrès réalisés et orienter la mise en œuvre de l’Objectif 3 ainsi que d’autres objectifs mondiaux et régionaux. Ce rapport favorise le partage d’expériences entre les pays et les régions d’Afrique orientale et australe, tout en clarifiant et approfondissant la compréhension des succès et des défis majeurs auxquels font face les aires protégées et conservées de la région. Il contribue également à renforcer la reconnaissance de la valeur des systèmes régionaux de gestion des données, dont le Centre Régional de Ressources soutenu par BIOPAMA, et formule des recommandations essentielles pour des politiques et des pratiques visant à assurer des aires protégées et conservées justes et efficaces.
L’événement de lancement, qui comprenait aussi une présentation sur la nouvelle initiative Act30 de l'UICN pour aider les pays à atteindre l'Objectif 3 grâce aux données géospatiales et à un dialogue renforcé avec les Peuples Autochtones et les Communautés Locales, a accueilli des interventions de la Délégation de l’Union européenne au Kenya et du Kenya Wildlife Service, entre autres, devant un public de Membres de l’UICN venus de tout le continent africain.
« Depuis 2012, l’initiative BIOPAMA joue un rôle transformateur en renforçant l’efficacité de la gestion et la gouvernance à travers l’Afrique, et en soutenant une meilleure prise de décision en matière de conservation de la biodiversité », a souligné Roxana Bucioaca, Responsable principale du programme BIOPAMA à l’UICN. « Le SOPACA constitue à la fois une étape majeure et une contribution déterminante dans ce processus, représentant une synthèse précieuse des progrès vers les objectifs mondiaux de conservation et un catalyseur pour de nouvelles actions. »
Le rapport SOPACA révèle que l’Afrique orientale et australe est à mi-chemin de l’atteinte de l’objectif de couverture terrestre de l’Objectif 3 du Cadre mondial pour la biodiversité, avec 17,24 % de la surface terrestre protégée au sein de 5 544 aires protégées et conservées couvrant 2 703 882 km². De manière significative, au moins trois pays de la région ont dépassé l’objectif de couverture terrestre fixé par le Cadre mondial pour la biodiversité. Toutefois, une forte variabilité demeure entre les pays.
Outre le bilan de la couverture des APC dans la région, le rapport examine également la gouvernance de ces sites. Ainsi, le rapport récemment publié montre que la diversité des modes de gouvernance dans la région de l’Afrique orientale et australe reste fortement dominée par les gouvernements comme principaux décideurs. Les États de la région œuvrent à rendre la gouvernance des ressources naturelles plus inclusive d'autres acteurs, mais le rapport souligne qu’il reste encore beaucoup à faire, tant au niveau des politiques qu’au niveau opérationnel dans les AP, pour une gouvernance efficace pleinement inclusive de tous les acteurs.
Le SOPACA évalue également l’efficacité de la gestion. Pour l’Afrique orientale et australe, il constate qu’un engagement plus fort des pays pour évaluer et rendre compte de l’efficacité de la gestion sera nécessaire pour pouvoir répondre efficacement à l’Objectif 3. Selon la Base de données mondiale sur l'efficacité de la gestion des aires protégées (PAME), des évaluations PAME avaient été réalisées dans seulement environ 14 % (795) des 5 530 APC de la région à la fin de 2023, soit une très faible augmentation par rapport aux 13 % de sites évalués en 2020 (SOPACA, 2020). La faiblesse du reporting sur ces évaluations, la variabilité des méthodes utilisées et la réticence à publier les résultats font que les informations sur l’évolution réelle de l’efficacité de la gestion (et non seulement sur le nombre d’évaluations) restent très fragmentaires, basées sur des données obsolètes ou non accessibles au public.
Le rapport formule neuf recommandations concrètes et ciblées à destination des acteurs de la conservation de la région. Celles-ci vont du renforcement de l’implication des communautés locales dans la conservation, en reconnaissant et en intégrant les savoirs autochtones et les cadres juridiques pour la conservation locale dirigée par les communautés, au développement d’activités d’économie de la faune comme le tourisme durable, en passant par la mobilisation des technologies au service de la conservation.
Le rapport complet est disponible en français ICI.
À propos de BIOPAMA
Le programme pour la Biodiversité et la Gestion des Aires Protégées (BIOPAMA) vise à améliorer la conservation à long terme et l’utilisation durable des ressources naturelles dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), tant dans les aires protégées qu’au sein des communautés environnantes. C’est une initiative de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, financée par le 11e Fonds européen de développement (FED) de l’Union européenne, et mise en œuvre conjointement par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et le Centre commun de recherche de la Commission européenne (JRC). S’appuyant sur les cinq premières années d’activités financées par le 10e FED (2012-2017), la deuxième phase de BIOPAMA fournit des outils de gestion des données et de l’information, des services pour améliorer les connaissances et les capacités de planification et de prise de décision pour les aires protégées, ainsi que des opportunités de financement pour des actions ciblées sur des sites spécifiques.