La Mer Méditerranée est le site le plus dangereux au monde pour les requins et les raies
Plus de 40% des espèces de requin et de raie de la Méditerranée sont menacées d'extinction, selon un nouveau rapport de l'UICN – l’Union Mondiale pour la Nature
La première Liste Rouge UICN complète évaluant le statut des requins et des raies en Méditerranée a révélé que 42% des espèces sont menacées d’extinction. La surpêche, notamment les prises accessoires (espèces non ciblées prises accidentellement) est la cause principale du déclin, selon cette étude.
Le rapport publié aujourd'hui par le Groupe de Spécialistes des Requins (GSR) de l’UICN et le Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN, montre que la région détient le taux de requins et de raies menacés le plus élevé au monde.
« Des mantes aux anges de mer, les populations méditerranéennes de ces espèces vulnérables sont en grave danger », a déclaré Claudine Gibson responsable du Groupe de Spécialistes des Requins et co-auteur du rapport. « Nos analyses révèlent que la mer Méditerranée est l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les requins et les raies. Les espèces benthiques sont exposées à un risque plus élevé dans cette région, principalement dû à une pratique intense de la pêche au niveau du fond marin. »
Le rapport reconnaît également que la dégradation de l’habitat, la pêche sportive et les autres nuisances humaines constituent des menaces importantes pour les requins et les raies de Méditerranée.
Ces résultats sont issus d’un atelier de travail d’experts, au cours duquel 71 espèces méditerranéennes de requins, de raies et de poissons chimère (poissons cartilagineux) ont été évaluées conformément aux catégories et aux critères de la Liste Rouge de l'UICN. Les intervenants ont estimé que 30 espèces sont menacées d’extinction, dont 13 sont en Danger Critique d’Extinction, 8 sont en Danger et 9 sont Vulnérables. 13 autres espèces on été classées Quasi Menacées et 18 espèces sont classées comme Données Insuffisantes. Seules 10 espèces sont considérées en tant que Préoccupation mineure.
La Raie de Malte (Leucoraja melitensis) qui se trouve seulement en Méditerranée est considérée comme en Danger Critique d’Extinction. La pêche au chalut de fond est la cause principale des déclins de population de 80%. La centrine commune aussi appelée cochon de mer (Oxynotus centrina) et trois espèces d’anges de mer (Squatina spp.) sont également en Danger Critique d’Extinction.
La mante géante (Mobula mobular), qui évolue principalement en Méditerranée, est considérée comme en Danger. Les femelles peuvent atteindre 5 mètres et ne donnent naissance qu’à un seul jeune à la fois. Leur grande taille et leur faible capacité reproductive font des mantes une espèce particulièrement vulnérable à la capture et à la prise dans plusieurs filets de pêche, notamment les filets dérivants illégaux.
Le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) et le requin-taupe commun (Lamna nasus), recherchés pour leur chair et leurs ailerons, sont en Danger Critique d'Extinction. Le requin gris (Carcharhinus plumbeus) est classé en Danger dans la région, et même le requin bleu (Prionace glauca) relativement prolifique est ici considéré comme Vulnérable.
« Nous sommes particulièrement inquiets pour les requins bleu et taupe de la Méditerranée, » a averti Dr Alen Soldo de l’Université de Split en Croatie, expert en requins océaniques qui a participé à l’atelier. « Nos études révèlent des pressions de pêches persistantes bien en-dessus de la capacité de reproduction des espèces. Ceci nous a conduit à classer ces espèces sous la catégorie de menace la plus importante conformément aux critères de la Liste Rouge. »
Seule une espèce, le requin portugais (Centroscymnus coelolepis), possède un meilleur statut de conservation en mer Méditerranée, où il est considéré comme Préoccupation Mineure, plutôt qu’au niveau global où il est Quasi-Menacé. Ce requin d’eau profonde évolue à 4000 mètres de profondeur environ et est protégé par une interdiction de la Commission Générale des Pêches en Méditerranée (CGPM) des pêches en-dessous de 1000 mètres.
Des mesures de protection existent, mais plus sont nécessaires
L’embargo sur la pêche en eau profonde ainsi que les interdictions sur les filets dérivants et l’enlèvement des nageoires de requins (couper les ailerons d’un requin, valant plus chers, et rejeter le corps à la mer) peut contribuer à réduire les menaces sur les requins et les raies de la Méditerranée. Cependant, il faut améliorer l’application de loi pour que les populations de poissons cartilagineux puissent se remettre des pêches.
Il n’existe aucune limite de prise pour pêcher les espèces de requin et de raies de la Méditerranée. Huit espèces de requins et de raies ont été listées sur les quatre conventions internationales qui se rapportent à la conservation de la faune sauvage méditerranéenne, mais seules trois espèces sont protégées suite à cela. Les requins blanc et pèlerin sont protégés en Croatie et dans les Eaux de la Communauté Européenne, tandis que Malte et la Croatie protègent la mante géante.
Cette semaine en Turquie, les gestionnaires des pêches internationales vont débattre des limites de pêche pour les requins taupe et bleu lors du meeting annuel de la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (CICTA), qui définissent les règlements pour les espèces prises dans le cadre de la pêche au thon.
« Jamais auparavant les pays méditerranéens n’avaient eu une aussi forte raison ou opportunité de sauvegarder les requins et les raies menacées de la région », a expliqué Sonja Fordham, présidente du GSR et directrice de la politique de Shark Alliance. « Les gouvernements devraient considérer davantage les avertissements de ce rapport et agir en conséquent pour protéger les requins et les raies menacées au moyens d’accords régionaux de pêche, de conventions internationales sur la faune sauvage et de législation nationale. Une telle action est nécessaire pour changer le cours des évènements conduisant ces remarquables animaux marins à l'extinction. »
Le rapport vise à assister le développement d'une politique pour la conservation et l’utilisation durable des espèces de poissons cartilagineux en Méditerranée et émet plusieurs recommandations pour y parvenir. Les organisations de conservation et de pêche doivent collaborer pour assurer que ces mesures soient mises en place immédiatement afin de réduire le déclin des requins et des raies dans la région, et garantir la durabilité des ressources marines - fondamentales pour les besoins de subsistance des sociétés méditerranéennes.
« Une fois de plus, notre souci principal ne concerne pas seulement chaque espèce individuelle - aussi importante soit-elle - mais également l'impact cumulatif de la perte de la biodiversité » a déclaré Annabelle Cuttelod, la Coordinatrice de la Liste Rouge pour la Méditerranée du Centre de Coopération Méditerranéen de l’UICN. « Nous observons de graves changements qui auront des conséquences majeures dans le temps sur toute la vie animale et finalement, sur les moyens de subsistance des populations autour de la Méditerranée. »
Le Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN est actuellement en train d’évaluer le statut des espèces de poissons marins en Méditerranée, en collaboration avec le Programme des Espèces de l’UICN et la Fondation Turque pour la Recherche Marine (TUDAV). Environs 30 experts participent à cette réunion qui se déroule à Istanbul en Turquie, du 12 au 16 novembre afin d’analyser cette question.
Note aux rédacteurs
Le titre du rapport est « Vue d’ensemble sur le Statut de Conservation des Poissons Cartilagineux (Chondrichthyans) en mer Méditerranéenne » par by Rachel D. Cavanagh et Claudine Gibson et est le troisième d’une série d’Evaluations Régionales en Méditerranée.
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Pour d'autres informations/entretiens avec des porte-parole de l'UICN, veuillez contacter :
Sarah Halls, Chargée des relations avec la presse, Tel: +41 22 999 0127; Mob: +41 79 24 72 926; Fax: +41 22 999 0020; Email: [email protected]; Web: www.iucn.org
Annabelle Cuttelod, Coordinatrice de la Liste rouge méditerranéenne, Tel: +34 952 028430, Portable: +34 653 984 613; Email: [email protected]; Web: Mediterranean Centre
Photos disponibles sur demande à [email protected]
Informations complémentaires
L’atelier de travail de la Liste Rouge sur lequel s’appuie le rapport Méditerranéen a eu lieu en 2003 à San Marino et a été suivi d’une consultation d’experts internationaux.
La plupart des requins et des raies sont exceptionnellement vulnérables à la surpêche à cause de leur croissance lente, leur maturité tardive et leur faible capacité de gestation.
La plupart des requins jouent un rôle clé en tant que plus grands prédateurs dans la chaîne alimentaire marine. En se nourrissant de proies faibles et blessées, les requins aident à maintenir la fonction de l’écosystème de l’océan.
L’enlèvement de nageoires de requins (finning) consiste à découper les ailerons des requins, dont la valeur monétaire est importante, et à rejeter le corps à la mer. Pour plus d’information, reportez-vous aux recommandations sur l’enlèvement des nageoires de requins du Congrès Mondial pour la Nature de l’UICN : PDF
Le GSR publiera son rapport sur la Liste Rouge sur le Statut des requins océaniques dans le monde en décembre, en vue d’une rencontre internationale dont l'objet est d'explorer les options pour de nouveaux accords globaux sur les requins, dans le cadre de la Convention sur les Espèces Migratoires.
La rencontre annuelle de la Commission Internationale pour la Conservation du Thonidé de l’Atlantique (CICAT) a lieu à Antalya en Turquie du 12 au 19 novembre 2007.
Un groupe de travail se réuni à Istanbul, du 12 au 16 novembre, afin de développer les Evaluations de la Liste Rouge pour les autres espèces de poissons marins de la Méditerranée.
L’Union Mondiale pour la Nature (UICN)
Fondée en 1948, l'Union Mondiale pour la Nature (UICN) rassemble 84 états, 108 agences gouvernementales, 800 ONG et prés de 10 000 scientifiques et experts provenant de 147 pays dans un unique partenariat mondial. La mission de l’UICN est d’influencer, encourager et assister les sociétés dans le monde dans le cadre de la conservation de l’intégrité et la diversité de la nature, et assurer que l’utilisation des ressources naturelles soit équitablement et écologiquement durable.
L’UICN est la principale organisation de référence au monde et assiste plus de 75 pays dans la préparation et la mise en place des stratégies de conservation nationale et de biodiversité. L’UICN est une organisation multiculturelle et multilingue qui comptent 1000 employés répartis dans 62 pays. Son siège est à Gland en Suisse.
Plus d’information sur www.iucn.org/
La Liste Rouge de l’UICN des Espèces Menacées
Elle constitue le recensement le plus exhaustif de la conservation des espèces végétales et animales au monde, ainsi qu’un outil largement répandu pour se concentrer sur les soucis de conservation des espèces. Les évaluations évaluent le statut de conservation des espèces individuelles, identifient les menaces qui les affectent et si nécessaires, proposent des objectifs de recouvrement de leurs populations. www.iucnredlist.org
Les Groupes de Spécialistes de l’UICN
Ces groupes évaluent la santé et l’abondance des espèces et des populations et les classent selon des catégories qui vont de Extinction à Préoccupation Mineure. Les espèces jugées Vulnérable, En danger et/ou En Danger Critique d’Extinction dans le monde, sont qualifiées comme Espèces Menacées Globales conformément aux critères de la Liste Rouge.
Le Groupe de Spécialistes des Requins de l’UICN (SSG)
Le SSG vise à promouvoir la conservation globale à long terme des poissons chondrichthyan (cartilagineux), une gestion efficace de leur pêche et des habitats et là où il est nécessaire, le recouvrement de leurs populations. Le SSG est en cours d’évaluation du statut de prés de 1000 espèces de poissons cartilagineux. http://www.flmnh.ufl.edu/fish/organizations/ssg/ssg.htm
Le Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN
Le centre a ouvert en 2001 prés de Malaga en Espagne. L’UICN compte plus de 161 membres dans la région méditerranéenne, y compris 15 gouvernements. La mission est d’influencer, encourager et assister les sociétés méditerranéennes pour conserver et utiliser durablement les ressources naturelles de la région et travailler avec les membres de l’UICN et coopérer avec toutes les autres institutions qui partagent les objectifs de l'UICN. web
La Shark Alliance est une coalition d’ONG qui vise à améliorer les politiques sur les Requins Européens www.sharkalliance.org
This was opened in 2001 near Malaga, Spain. IUCN has more than 161 members in the Mediterranean region, including 15 governments. Its mission is to influence, encourage, and assist Mediterranean societies to conserve and use sustainably the natural resources of the region and work with IUCN members and cooperate with all other agencies that share IUCN objectives. web
The Shark Alliance is a coalition of NGOs aimed at improving European shark policies. www.sharkalliance.org