Article | 29 Mai, 2018

Blog: Forum mondial de l'eau: un partage précieux de projets, connaissance et expérience

Le Forum Mondial de l’eau est toujours la plus grande vitrine de projets, des idées et de bonnes intentions pour l'avenir qui sont liées à l'eau. Une semaine de réflexion sur un sujet important qui a des conséquences pour tout le monde et qui doit être abordé avec prudence.

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Photo: IUCN

SandrinePhoto: IUCN

En tant que Chargée de Programme au Programme Régional Eau et Zones Humides, Programme Afrique Centrale et Occidentale de l’UICN, je suis allée au Forum avec mon expérience à partager, avec beaucoup de questions dans ma tête et avec un grand désir de m’engager activement et publiquement dans la conservation de l’eau.

En effet, pendant le Forum j’ai eu la possibilité de partager avec une vaste audience l’expérience du projet BRIDGE dans le Fleuve Mano et aussi d’avoir des aperçus actualisés des défis et enjeux existants sur l’utilisation et la gestion de l’eau au niveau de certains bassins transfrontaliers. À ce sujet des réflexions peuvent être menées pour inclure dans les modules de BRIDGE, la  valeur ajoutée offerte par le partage d’informations dans le domaine de la coopération, la prévention des conflits et l’augmentation de la solidarité interbassin.

J’ai participé au « Plateformes multi acteurs et pratiques comme solution aux défis partagées à l’ODD 6 ». Un Panel, qui a comporté entre autres l’IRC des USA, l’Agence Nationale de l’Eau du Brésil, le Ministère de l’Eau du Burkina, etc. Les exposés ont illustré les différentes voies pour traiter des problèmes collectifs, selon le contexte et les stratégies en place et celles à mettre en place pour le développement du consensus. La nécessité d’établir des plateformes qui conduisent à des résultats dont chaque partie prenante bénéficie, tout en considérant la difficulté d’intégration des différentes politiques sectorielles dans la gestion de l’eau, sont là des aspects ressortis clairement dans les sujets traités.

Avec l’objectif de me mettre à jour sur les dynamiques de la recherche de fonds, j’ai participé à la séance « Améliorer la capacité de l’Afrique pour financer la sécurité de l’eau en Afrique » organisée par Groupe de La Banque Africaine de Développement et la GIZ. Cette session m’a permis d’apprécier quelques mécanismes innovants des bailleurs pour aider les pays à s’assurer un financement plus ou moins durable dans le domaine de l’eau. La GIZ, par exemple, a partagé une expérience intéressante de mécanisme d’attraction du secteur privé avec des possibilités de formations dans le domaine du financement du climat. En mettant l’accent sur les concepts de participation et inclusion, la Facilité Africaine de l’eau a montré l’importance de l’identification des acteurs du secteur privé dès les premières étapes de conceptualisation du projet et des études préliminaires ainsi que le rôle du gouvernement pour assurer la durabilité au-delà des projets.

L’importance de partager l’information a été la thématique principale de la séance  « Suivi-Evaluation des données et partage des connaissances dans les bassins transfrontaliers », avec la participation, entre autres de USAID, IOWater, et le CICOS. L’Office International de l’Eau (OIEau) a présenté ses appuis dans les pays et les Organismes de Bassins, les défis liés à la collecte des données à l’échelle des bassins transfrontaliers, même quand il existe un organisme de gestion. Les différentes communications ont illustré le besoin de partage d’informations et de connaissances pour une gestion conjointe des ressources partagées.

Aussi, j’ai eu la possibilité de participer à la séance « Gestion de l'eau à travers les secteurs et les frontières: Cadres institutionnels et approches pour des Organisations Transfrontalières de Bassins efficaces » avec la Participation de la  Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (CICOS), l’UICN, et la Mekong River Commission (MRC). Pendant cette session l’expérience du Mékong a illustré les difficultés de mobilisation des pays riverain, de la gestion conjointe des ressources partagées et aussi les difficultés d’autofinancement des organisations de bassins (90% des fonds viennent des bailleurs). Il est clair que les pays ont besoin de méthodologie et de politiques et enfin d’adhérer à un plan régional de développement. Cela laisse voir que les Instruments de Gestion (Commission, Autorités, etc.) mis en place à l’échelle transfrontalière, par des pays ayant des ressources en eau en partage, doivent se fonder sur une stratégie claire de financement durable avec des actions précises pour l’investissement et le fonctionnement.

Toutes ces thématiques traitées dans des sessions différentes peuvent à priori sembler séparées ou ne concerner que tel ou tel aspect de la gestion de l’eau mais on se rend compte que l’échelle locale est le point commun de toutes ces réflexions et actions tendant à renforcer ou à améliorer la qualité et la disponibilité de l’eau pour tous.

L’échelle locale reste le lieu où la ressource se trouve et elle doit être gérée à ce niveau par les acteurs les plus concernés, pour espérer que les actions soient pérennes. Soutenir les acteurs locaux à s’organiser en espaces de dialogue, renforcer leurs capacités à négocier, à appliquer les principes de gouvernance, à coopérer, à partager les bénéfices liés à l’eau, etc., c’est le défis encore et toujours présent en face despays, en face des Organismes de Bassin Transfrontaliers, et en face des Partenaires au Développement afin que l’eau soit restaurée, préservée et disponible pour les générations d’aujourd’hui et celles à venir, dans ce contexte de changement climatique.

Ces sessions m’ont confortée sur le fait que dans le domaine de la gestion de l’eau on doit travailler dans le même temps à échelles multiples pour mener les actions idoines aux niveaux pertinents, tout en s’assurant de la connectivité entre ces différents niveaux est permanente et productive.

Et c’est cela qui rend intéressantes les expériences du projet BRIDGE de l’UICN qui sont en ce moment conduites dans différentes régions du monde dont la région Afrique Centrale et Occidentale où nous travaillons d’une part avec la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) avec des actions locales dans le sous bassin transfrontalier Chari Logone et d’autre part avec l’Union du Fleuve Mano (UFM) où des actions locales sont réalisées dans les bassins transfrontaliers de la Mano et de la Moa/Makona.

C'était une semaine très intéressante pendante laquelle j’ai beaucoup appris, discuté et réfléchit. Je suis retournée chez moi avec la conviction que seule la combinaison aux échelles pertinentes entre le social, l’environnement, l’économie et la bonne gouvernance peut être la base pour la gestion équitable et durable de l’eau à l’avenir. On parle bien sûr des interventions stratégiques dans les bassins qui ne peuvent pas se faire sans la participation des communautés et surtout des femmes qui sont au centre de l’utilisation de l’eau à l’échelle locale, ni sans la formation et la sensibilisation, encore moins sans la communication et le partage d’information dans un climat de confiance entre acteurs.

Je suis aussi convaincue que les besoins de renforcement des capacités des pays sur les bénéfices de la coopération sont réels et que les actions d’accompagnement de l’UICN à travers des projets ou des programmes peuvent comporter des volets sur le partage des informations et le partage des connaissances. L’UICN peut enfin continuer à soutenir les acteurs à générer les connaissances fiables pour engager ou renforcer le dialogue et à capitaliser de bonnes pratiques pour garantir le développement d’actions conjointes et la durabilité dans l’utilisation des ressources naturelles partagées.

Déjà dans le cadre de nos activités de 2018 en termes de renforcement des capacités des acteurs de l’UFM, nous allons intégrer dans les sessions d’apprentissage des éléments inspirés des conclusions des sessions suivies dont celles sur les plateformes multi acteurs, le besoin de financement durables, et bien plus.

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Sankara Bassonon Begnakiré Sandrine is IUCN Programme Officer, Regional Water and Wetlands Programme, West and Central Africa Regional Office, she can be reached via email at Sandrine.BASSONON@iucn.org