Article | 05 Mai, 2020

Un rapport de l’UICN met en lumière les merveilles naturelles de l’Afrique et identifie de nouveaux sites du Patrimoine mondial potentiels

Un nouveau rapport de l’UICN destiné à aider les pays africains dans la conservation du Patrimoine mondial identifie 20 zones naturelles remarquables sur le continent africain qui pourraient potentiellement se qualifier pour avoir le statut de Patrimoine mondial. Il fournit également pour la première fois un résumé de l’état de conservation des 48 sites naturels du Patrimoine mondial en Afrique.

Rédigé dans le cadre du Programme pour la biodiversité et la gestion des aires protégées (BIOPAMA), dont l’objectif est d’aider les acteurs de la conservation à améliorer la gestion et la gouvernance de la biodiversité et des ressources naturelles, le rapport donne des conseils pratiques sur la conservation des sites naturels du Patrimoine mondial en Afrique. Ce rapport, intitulé Patrimoine mondial naturel en Afrique : Avancées et perspectives contient une introduction aux concepts de base du Patrimoine mondial. Il explique également comment établir les propositions d’inscriptions officielles pour figurer sur la Liste, après plusieurs processus de sélection rigoureux de la Convention sur le patrimoine mondial.

Ce rapport est publié à un moment difficile pour les sites du Patrimoine mondial africain. En effet, de nombreux sites sont actuellement fermés du fait de la pandémie de COVID-19, ce qui entraîne souvent des pertes de revenus significatives pour la gestion du parc, les communautés et les entreprises locales. En outre, la violente attaque du 24 avril 2020 dans le Parc national des Virunga, en République démocratique du Congo, qui a tué 17 personnes dont 12 gardes forestiers, nous rappelle que les conflits armés restent un problème essentiel pour de nombreux sites du Patrimoine mondial africain. Au cours des dernières décennies, des centaines de gardes forestiers ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions, alors qu'ils protégeaient les trésors naturels de l'Afrique pour le bénéfice des générations présentes et futures. 

« Le Patrimoine mondial naturel de l’Afrique inclut certains des paysages et des espèces sauvages les plus emblématiques de notre planète, qui offrent espoir et inspiration aux personnes, de tous les pays et de toutes les générations – encore plus en ce moment difficile » déclare Peter Shadie, Directeur du Programme du Patrimoine mondial de l'UICN. « Ce rapport peut aider les pays africains à renforcer la protection de ce patrimoine inestimable, en agrandissant et en améliorant les sites existants, et en proposant des sites convaincants pour de nouvelles inscriptions ».

À l’heure actuelle, 48 des 252 sites naturels et mixtes (naturels/culturels) présents sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO sont situés en Afrique, avec des lieux comme le delta de l’Okavango, les plaines de Serengeti, les montagnes des Virunga, l’erg du Namib et le mont Kilimandjaro. De nombreux sites du Patrimoine mondial africain accueillent la mégafaune unique du continent - rhinocéros, éléphants, hippopotames et girafes - qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Ils accueillent également de riches forêts tropicales, qui soutiennent une suite distinctive d’espèces, comme les grands singes - gorilles, chimpanzés et bonobos - ou les curieux lémuriens de Madagascar, l'étrange okapi ressemblant à une girafe du Congo oriental, et l’hippopotame pygmée miniature en Afrique de l’Ouest.

Cependant, on sait depuis longtemps que le nombre et la taille des sites naturels du Patrimoine mondial en Afrique pourraient augmenter. Selon le rapport, 20 sites, couvrant des paysages terrestres et marins remarquables sur tout le continent, pourraient être des candidats futurs potentiels pour la Liste du Patrimoine mondial.

Ces nouveaux sites potentiels incluent : l’archipel des Bijagos (Guinée Bissau), les montagnes de l’Arc oriental (Kenya et Tanzanie), le volcan d’Erte Arle et la dépression de Danakil (Éthiopie), le grand désert occidental (Égypte), le lac Tanganyika, les forêts sèches uniques de Madagascar, le désert de Karoo succulent (Namibie et Afrique du Sud), la zone humide du Sudd (Soudan du Sud), et les Points chauds marins dans le courant de Benguela et le canal du Mozambique. Ils comprennent également plusieurs zones de forêts tropicales, s'étendant du Point chaud de biodiversité de Haute Guinée en Afrique de l’Ouest, au golfe de Guinée et aux hauts-plateaux du Cameroun en Afrique centrale, et jusqu’aux forêts côtières d’Afrique de l’Est.

Le rapport identifie par ailleurs 17 sites du Patrimoine mondial existants qui pourraient être étendus, comme le Réseau des lacs du Kenya dans la vallée du Grand Rift, le Parc national des oiseaux du Djoudj (Sénégal), le delta de l’Okavango (Botswana), le Parc national du Simien (Éthiopie), et le Parc national du lac Malawi (Malawi). L’inscription de ces nouvelles zones plus grandes sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pourrait permettre de développer un portefeuille de sites du Patrimoine mondial qui représenterait davantage la richesse naturelle exceptionnelle de l’Afrique.

Outre les opportunités de nouvelles propositions d’inscriptions et d’extensions, le rapport présente également certains des principaux enjeux du Patrimoine mondial sur le continent, et des façons d’améliorer la gestion des sites. De nombreux exemples réussis existent localement, néanmoins l’efficacité de la protection et de la gestion du Patrimoine mondial naturel en Afrique est globalement préoccupante.

L’Horizon du Patrimoine mondial de l’UICN indique que plus de la moitié des sites naturels et mixtes d’Afrique sont dans une condition critique, ou « significativement préoccupante ». L’Afrique abrite 12 sites naturels sur la liste du Patrimoine mondial en péril, plus que toute autre région au monde, soit 70% du total mondial. Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment l’instabilité sociale, le braconnage, la construction d’infrastructures, l’exploitation minière et l’exploitation incontrôlée du bois.

« Les sites du Patrimoine mondial doivent être des modèles de conservation, et l’UICN se tient prête à aider les États parties africains à atteindre le plus haut degré de pratique au niveau mondial, régional et communautaire » affirme Leo Niskanen, du Bureau régional de l’UICN pour l’Afrique australe (ESARO) à Nairobi, Kenya. « Ce rapport sera une référence essentielle pour les pays africains, leurs partenaires, et toute personne intéressée dans le riche et remarquable patrimoine naturel de l’Afrique. »

Ce rapport a été réalisé par le Programme BIOPAMA, une initiative du Groupe des États Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) financée par le 11e Fonds européen de développement de l’Union européenne, et mis en œuvre conjointement par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Centre commun de recherche de la Commission européenne (CCR). Le rapport est disponible en anglais et en français.

À propos du Patrimoine mondial

La Convention sur le patrimoine mondial est devenue, depuis son adoption en 1972, l’un des instruments mondiaux les plus efficaces en matière de conservation. Elle incarne une idée visionnaire – certains sites du patrimoine naturel ou culturel sont tellement importants que leur protection n’incombe pas seulement à un seul État, mais à la communauté internationale dans son ensemble, pour cette génération et pour toutes les générations à venir. Ainsi, la mission principale de la Convention est d’identifier et de conserver les sites naturels et culturels du Patrimoine mondial considérés comme ayant une « valeur universelle exceptionnelle ». Pour être inclus sur la Liste du Patrimoine mondial, les sites doivent répondre à un des 10 Critères du patrimoine mondial ou plus, et aussi répondre à des normes élevées d’intégrité et/ou d’authenticité, de protection et de gestion.

Le rapport sera prochainement disponible en français.

En savoir plus:

Natural World Heritage in Africa: Progress and Prospects

IUCN’s statement on the militia attacks in Virunga National Park on 24 April 2020

Travail de l’UICN sur les aires protégées

Travail de l’UICN sur le Patrimoine mondial