Article | 11 Juin, 2019

L'UICN recommande le statut « en péril » pour trois sites du patrimoine mondial

L’UICN, conseiller officiel du patrimoine mondial naturel, recommande que trois sites naturels soient classés comme « patrimoine mondial en péril ». Ceux-ci comprennent les Sundarbans au Bangladesh, les Îles et aires protégées du Golfe de Californie au Mexique et la région d’Ohrid en Macédoine du Nord.

Les recommandations de l’UICN ont été publiées aujourd’hui par l’UNESCO et sont adressées au Comité du Patrimoine mondial, l’organe dirigeant sur le Patrimoine mondial constitué de 21 gouvernements. Le Comité prendra ses décisions lors de sa réunion annuelle, qui se tiendra du 30 juin au 10 juillet en Azerbaïdjan.

Les centrales électriques menacent les Sundarbans

L'UICN recommande de placer les Sundarbans, au Bangladesh, sur la Liste du patrimoine mondial en péril, en raison des graves menaces posées par plusieurs centrales au charbon et de nombreuses activités industrielles situées à proximité. Le site fait partie de la plus grande forêt de mangroves du monde, abritant le tigre royal du Bengale.

À la suite d'une mission conjointe UICN-UNESCO en 2016, le Comité du patrimoine mondial a demandé l'annulation et le déplacement du projet d’envergure de la centrale Rampal, prévue à 65 km du site. Malgré cela, sa construction a continué sans aucune évaluation de son impact sur les valeurs du patrimoine mondial des Sundarbans.

Deux autres centrales au charbon sont en construction sur la rivière Payra, qui se jette dans la même baie que les Sundarbans. Plus de 150 projets industriels sont également actifs en amont du site, et les activités de transport et de dragage associées à ces projets mettent davantage de pression sur sa dynamique hydrologique et écologique. Les systèmes hydrologiques, moteurs de cette dynamique, opèrent à une très grande échelle et sont vulnérables aux impacts en amont.

Le commerce illégal d'espèces sauvages pousse le vaquita à sa disparition

Dans Îles et aires protégées du Golfe de Californie au Mexique, le vaquita - la plus petite espèce de marsouin, et la plus menacée - est en voie de disparition. Le marsouin se prend dans des filets maillants utilisés pour pêcher illégalement le totoaba, en danger critique d'extinction, dont la vessie natatoire se vend à prix d’or sur les marchés asiatiques.

Fait alarmant, on estime qu'il ne reste que 10 spécimens de vaquitas, contre 30 en 2017. Ce site est le seul endroit sur Terre où l'espèce existe, ce qui explique en partie son statut de patrimoine mondial.

Malgré les efforts considérables déployés par le Mexique pour interdire les filets maillants et lutter contre le trafic international illicite de produits dérivés du totoaba, la pêche illégale s’est intensifiée au sein du site au cours des deux dernières années. L’UICN recommande d’inscrire le site sur la Liste du patrimoine mondial en péril afin de mobiliser des actions urgentes en vue de protéger une vie marine unique et d’assurer la protection de la zone contentant les derniers vaquitas.

L’extension du site et le statut « en péril » pour la région d'Ohrid

L'UICN recommande à la fois d’approuver l'extension du Patrimoine naturel et culturel de la région d'Ohrid et de l'inscrire sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Le site est actuellement inscrit en Macédoine du Nord pour ses valeurs « mixtes » naturelles et culturelles. Son extension en Albanie garantirait que tout le lac Ohrid soit inclus dans le site du patrimoine mondial. C'est le plus vieux lac d'Europe ayant survécu à la période pré-glaciaire et il sert de refuge à de nombreux oiseaux et à plus de 200 espèces de plantes et d'animaux uniques.

Depuis des années, le site subit une pression incessante causée par de multiples menaces. Celles-ci vont des grands projets d'infrastructure, à une pollution accrue, au développement urbain non contrôlé et à l'exploitation côtière. En l'absence de progrès, l'UICN et l'ICOMOS, conseiller pour le patrimoine mondial culturel, recommandent le statut « en péril » pour le site. Les graves problèmes auxquels le site est confronté ne peuvent être résolus que par la gestion de l’ensemble du système lacustre, ce que l’extension faciliterait.

 

Aujourd'hui, 16 sites naturels du patrimoine mondial sont classés comme étant en péril. Pour la session du Comité du patrimoine mondial de cette année, l’UICN a préparé des recommandations pour une soixantaine de sites naturels menacés et a évalué 10 sites proposés comme nouveaux sites potentiels.