Article | 17 Nov, 2021

The Restoration Initiative: Une histoire de Kenya (delta de Tana)

Rétablir l’équilibre naturel dans le delta du Tana au Kenya

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Photo: Caroline Chebet

L'une des façons d’envisager les problèmes environnementaux à n’importe quelle échelle, qu’il s’agisse de la dégradation des forêts et des paysages, de la disparition et de l’extinction des espèces ou des changements climatiques, est de comprendre qu’ils sont des indicateurs d’un déséquilibre systémique: les populations et les économies demandent plus à la nature que ce que celle-ci peut fournir de manière durable.

Le delta du fleuve Tana au Kenya, où intervient le projet TRI «Kenya Tana», est un exemple de système déséquilibré. Dans la région, des dizaines de milliers de Kenyans bénéficient d’un paysage diversifié d’eau douce, de forêts, de plaines inondables et d’habitats côtiers, et dépendent du delta pour vivre de l’agriculture paysanne, du pâturage du bétail, de la pêche, de la récolte du bois et du tourisme. Cependant, la croissance rapide de la population et les mauvaises pratiques d’utilisation des terres font que les prélèvements sont supérieurs à ce que le delta peut fournir durablement en matière de pâturages productifs, de sols, de bois, d’eau propre et d’autres services écosystémiques. Au fil du temps, ce déséquilibre ne cesse de dégrader le delta – en particulier les terrasses occidentales fortement peuplées – et menace les plantes, les animaux et les moyens de subsistance des personnes y qui vivent. En outre, on s’attend à ce que les effets du changement climatique exercent des pressions supplémentaires sur ces ressources à l’avenir.

S’attaquer à ce déséquilibre est pour le moins difficile, et aucune intervention ou approche ne sera probablement suffisante à elle seule. Le projet TRI Kenya Tana, mis en œuvre par le PNUE et géré par Nature Kenya, utilise une approche à plusieurs niveaux pour tenter de réduire la pression sur les systèmes naturels du delta et restaurer les terres dégradées.

L’un des principaux moyens d’action se situe sur le plan politique, en contribuant à une planification et une gestion plus rationnelles de l’utilisation des terres. En collaboration avec des partenaires, dont les gouvernements locaux des comtés de Tana River et de Lamu et les communautés locales, le projet a soutenu l’élaboration et maintenant la mise en œuvre du Plan d’utilisation des terres du delta du Tana. Adopté officiellement par le comté de Lamu et en cours d’examen par le comté de Tana River, le Plan d’utilisation des terres concerne 130 000 hectares et servira à orienter le développement futur du delta du Tana. Il prévoit la réglementation de l’accès et de l’utilisation des pâturages, des forêts et des voies d’eau publics, ainsi que l’amélioration de la gestion des ressources naturelles, dans le but de réduire les facteurs de déforestation et de dégradation, de favoriser la régénération naturelle et de conserver l’habitat de la biodiversité menacée. Le Plan prévoit également de soutenir le développement de «chaînes de valeur vertes» s’appuyant sur des produits fabriqués de manière durable qui améliorent les moyens de subsistance et les revenus tout en préservant les écosystèmes naturels qui fournissent les matières premières de ces produits.

Le projet TRI Kenya Tana a soutenu le travail de développement et de mise en œuvre du Plan d’utilisation des terres du delta du Tana en organisant des sessions de formation pour les partenaires gouvernementaux et communautaires sur les principes et pratiques de RFP et de gestion durable des terres. Quelque 60 ateliers ont été tenus à ce jour, auxquels ont participé près de 30 000 parties prenantes.

Le projet contribue également à réduire les pressions exercées sur le delta en aidant les communautés locales à créer des entreprises durables, et à les renforcer, notamment dans les secteurs de l’apiculture et de la pisciculture. Une centaine de personnes intéressées, issues de différentes communautés du delta, ont été formées aux techniques apicoles et ont reçu le matériel nécessaire pour lancer une activité d’apiculture (à savoir une ruche, une colonie, des vêtements de protection et une centrifugeuse pour extraire le miel récolté). En 2020, ces apiculteurs ont collectivement récolté 670 litres de miel. L’apiculture, qui repose en partie sur la santé des paysages environnants, permet de diversifier et de compléter les revenus des ménages et constitue une incitation supplémentaire à gérer durablement le paysage.

Dans un élan similaire, dans la ville côtière d’Ozi, où la pêche fait déjà partie intégrante de l’économie locale et où les conditions du sol sont favorables, le projet a soutenu le développement d’une pisciculture durable. Les membres de la communauté intéressés ont été formés aux techniques de pisciculture, 14 étangs piscicoles ont été construits et les membres de la communauté ont également reçu trois machines pour fabriquer des aliments pour poissons. La pisciculture devrait commencer en 2021.


Story from The Restoration Initiative Year in Review 2020