Article | 06 Juin, 2024

Tout est possible

La Dr Grethel Aguilar revient sur ses premiers mois en tant que Directrice générale de l’UICN et se tourne vers l’avenir.

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La Dr Grethel Aguilar revient sur ses premiers mois en tant que Directrice générale de l’UICN et se tourne vers l’avenir

Lorsqu’il s’agit de s’unir sous l’étendard de la conservation de la nature et de diriger l’action urgente dont le monde a besoin, il n’y a pas d’organisation mieux adaptée à cette tâche que l’UICN, selon sa Directrice générale, la Dr Grethel Aguilar.

Bien qu’elle ait été nommée à ce poste en octobre dernier, la Dr Aguilar fait partie de l’Union depuis plusieurs années. Elle représentait initialement le Centre du droit de l’environnement du Costa Rica en tant que Membre de l’UICN, et a siégé à la Commission mondiale du droit de l’environnement pendant huit ans. En 2005, elle est devenue Directrice régionale de l’UICN pour le Mexique, l’Amérique centrale et les Caraïbes, puis a occupé le poste de Directrice générale adjointe de l’UICN, responsable des régions et des bureaux extérieurs, sans oublier ses deux mandats de Directrice générale ad interim.

« La constitution de l’UICN est unique », dit-elle. « Nous avons des gouvernements, nous avons la société civile, nous avons des organisations de peuples autochtones et nous avons des experts. Notre Union est très puissante. »

Tout au long de ces années, la Dr Aguilar a été témoin de la passion des comités régionaux et nationaux de l’UICN, de l’importance du travail des organisations Membres sur le terrain, des connaissances des experts issus des Commissions et de l’impact de la participation à des conventions internationales en tant que délégation de l’UICN. Cette combinaison de connaissances et de compétences, ainsi que d’actions locales et internationales, permet à l’UICN d’être un leader quand il s’agit de résoudre les défis auxquels l’humanité est confrontée.

« Nous sommes à la croisée des chemins, et nous ne pouvons pas nous permettre de prendre la mauvaise décision », dit-elle. « La crise à laquelle est confrontée la planète est d’une telle ampleur que nous devons agir comme il se doit. Avec les éléments uniques qui la composent, l’UICN est l’organisation idéale pour rassembler différentes voix et montrer la voie. »

Les êtres humains ont le pouvoir de se transformer et de changer – nous l’avons vu à maintes reprises


Une vision et une mission

Lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille en septembre 2021, l’Union a adopté par vote démocratique un programme de travail pour cette décennie, le Programme de l’UICN Nature 2030. Celui-ci lance un appel à l’action pour les populations, la terre, l’eau, les océans et le climat.

Selon la Dr Aguilar, il s’agit d’une feuille de route importante pour le travail de l’Union. « Le Programme est clair », déclare-t-elle. « Vous pouvez ouvrir le Programme Nature 2030 et voir tout ce sur quoi les Membres ont décidé que l’UICN devait se concentrer pendant cette période. De plus, en 2025, lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN, nous évaluerons les progrès, renforcerons le Programme et nous mettrons d’accord sur une vision stratégique sur 20 ans pour notre Union. »

À l’image de la Directrice générale de l’UICN, le Programme Nature 2030 est ambitieux et, surtout, optimiste quant au potentiel de bâtir un monde meilleur.

« Nous nous devons de croire que tout est possible ; que le changement est possible et que la transformation est possible », souligne la Dr Aguilar.

« En tant qu’êtres humains, nous sommes responsables de l’état actuel de notre planète. Mais quand je me réveille chaque jour, ce n’est pas à l’état de la planète que je pense ; je pense au fait que nous pouvons résoudre la situation. Les êtres humains ont le pouvoir de se transformer et de changer – nous l’avons vu à maintes reprises. »

Riche de son expérience

Née au Costa Rica, la Dr Grethel Aguilar a accumulé 30 ans d’expérience dans la conservation de la nature et le développement durable. Outre son rôle de juriste au Centre de droit de l’environnement de son pays, elle a également travaillé au sein de l’Association pour la protection des rivières du Costa Rica en tant que Directrice exécutive. Elle a aidé les communautés à accéder à l’eau potable ; plaidé pour la justice environnementale ; aidé les peuples autochtones à obtenir des droits sur leurs ressources naturelles ; et défendu l’égalité des sexes dans la gouvernance environnementale.

La Dr Aguilar reste passionnée par les droits des peuples autochtones et a appelé à l’inclusion de leurs connaissances et de leurs expériences dans les politiques générales de conservation. De même, elle affirme sans détour qu’il reste encore un long chemin à parcourir avant de parvenir à une véritable égalité des sexes dans le monde, y compris dans le domaine de la conservation de la nature.

« Je dois avouer que les femmes et les filles ne sont pas là où elles devraient être. Il y a un long chemin à parcourir. Il est vrai qu’il y a eu du progrès dans certains pays », constate-t-elle. « Mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Au sein de l’UICN et dans le monde entier, nous tous – femmes et hommes – devons continuer à faire avancer la mission de l’égalité des sexes.

« Je crois sincèrement que nous devons continuer à agir et à renforcer le rôle des femmes et des filles dans la conservation et, en tant que femme, j’ai également la responsabilité personnelle de le faire.

Je suis arrivée là où je suis en travaillant dur et en étant soutenue par d’autres femmes. »

Aujourd’hui, la Dr Aguilar reconnaît l’immense valeur du soutien qu’elle reçoit de la Présidente de l’UICN, Razan Al Mubarak, ainsi que du Conseil de l’Union qui réunit des représentants du monde entier. En tant que Directrice générale, elle apprécie travailler avec des défenseurs de l’environnement, des leaders d’opinion et des experts. Elle apprécie également l’opportunité de dialoguer avec des personnes de secteurs variés à des étapes très différentes de leur vie et de leur parcours de conservation.

Elle reconnaît la nécessité d’un dialogue avec les jeunes. Le rôle de l’UICN dans cette relation n’est pas seulement d’inspirer, mais aussi d’écouter et d’apprendre. « Aujourd’hui, notre mission la plus importante est d’inspirer le changement et de travailler avec les jeunes générations, de partager avec nos adolescents, nos enfants, que le changement est possible. Ils seront un jour des dirigeants, il est donc essentiel qu’ils croient en la possibilité de bâtir un monde meilleur », dit-elle.

« Je prends le temps de rencontrer des délégations de jeunes », explique-t-elle.

« J’y vois l’avenir. Un avenir brillant, un bel avenir, un avenir qu’ils vont accueillir à bras ouverts.

Les êtres humains ont le pouvoir de se transformer et de changer – nous l’avons vu à maintes reprises

« Et pour les gens comme moi qui ne sont plus si jeunes, nous devons comprendre qu’il s’agit d’une voie à double sens. Il n’y a pas qu’une seule façon de faire les choses. Nous devons respecter le passé, mais nous devons aussi être ouverts aux possibilités nouvelles et innovantes. Il ne s’agit pas seulement d’enseigner. Je suis prête à apprendre et à écouter, car une coalition intergénérationnelle nous permet d’apprendre les uns des autres et d’être plus forts. »

Grethel and Razan Dr Aguilar with IUCN President, Razan Al Mubarak


Aller de l’avant

Comme le souligne la Dr Aguilar dans sa lettre d’introduction au début de ce magazine, 2024 sera une année très importante pour la conservation de la nature et pour le rôle de l’UICN dans l’incitation et la conduite de changements importants dans le monde.

Elle se réjouit également de l’opportunité de dialoguer avec les Membres de l’Union lors des neuf

Forums régionaux de la conservation qui auront lieu cette année (voir page 24). L’UICN y recueillera les idées de ses Membres pour planifier les activités des quatre prochaines années et préparer le Congrès mondial de la nature de l’année prochaine. Elle a également hâte d’accueillir les Membres dans la « Maison de l’Union » de l’UICN lors des prochaines réunions internationales, telles que les multiples Conférences des Parties des Nations Unies.

À propos de son rôle de Directrice générale de cette Union mondiale réunissant 1 400 organisations Membres et 16 000 experts, la Dr Aguilar conclut :

« C’est une grande responsabilité mais c’est aussi un merveilleux privilège de soutenir notre Union. En tant que Directrice générale, je me sens entourée et soutenue par des personnes incroyables, engagées, compétentes et inspirantes, et qui souhaitent atteindre l’objectif d’une planète saine, où les individus peuvent prospérer en harmonie avec la nature. »

Interview par Emily Rodway