Communiqué de presse | 12 Juin, 2013

Des espèces inattendues menacées par le changement climatique

La plupart des espèces les plus menacées par le changement climatique ne sont pas prioritaires actuellement sur le plan de la conservation, d’après une étude de l’UICN qui présente une méthode novatrice pour évaluer la vulnérabilité des espèces au changement climatique.

L’étude, parue dans la publication scientifique PLOS ONE, est l’une des plus importantes en la matière; elle évalue tous les oiseaux, tous les amphibiens et tous les coraux de la planète. Elle est fondée sur les travaux menés par plus d’une centaine de scientifiques pendant cinq ans.

D’après l’étude, jusqu’à 83% des oiseaux, 66% des amphibiens et 70% des coraux identifiés comme étant fortement vulnérables aux effets du changement climatique ne sont pas considérés comme menacés d’extinction à l’heure actuelle par la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN™. En conséquence, il est peu probable qu’ils fassent l’objet de mesures ciblées de conservation.

« Les résultats comportent quelques surprises alarmantes », dit la directrice de l’étude, Wendy Foden, du Programme mondial des espèces de l’UICN. « Nous ne nous attendions pas à ce qu’un nombre si élevé d’espèces et de régions, qui semblaient ne pas poser de préoccupations particulières, s’avèrent si vulnérables au changement climatique. Il est évident que si nous continuons comme par le passé sans tenir compte du changement climatique, nous ne pourrons pas aider nombre d’espèces et de régions qui en ont le plus besoin. »

Un pourcentage avoisinant neuf pour cent de tous les oiseaux, 15% de tous les amphibiens et 9% de tous les coraux hautement vulnérables au changement climatique sont d’ores et déjà menacés d’extinction. D’après les auteurs de l’étude, ces espèces sont menacées par une exploitation non durable des forêts et par l’expansion de l’agriculture, mais elles nécessitent aussi des mesures de conservation urgentes considérant les effets du changement climatique.

Utilisant une méthode novatrice, l’étude examine les caractéristiques biologiques et écologiques particulières qui rendent les espèces plus ou moins sensibles ou adaptables au changement climatique. Les méthodes traditionnelles mesurent plutôt le degré de changement auquel les espèces seront probablement soumises. L’UICN se servira de cette méthode et des résultats pour veiller à ce que la Liste rouge de l’UICN continue à fournir les meilleures évaluations possibles du risque d’extinction, y compris celui lié au changement climatique.

« C’est un grand bond en avant pour la conservation, » dit Jean-Christophe Vié, Directeur adjoint du Programme mondial des espèces de l’UICN et l’un des co-auteurs de l’étude. « Nous savons mieux maintenant quelles espèces d’oiseaux, d’amphibiens et de coraux sont plus menacées par le changement climatique, mais nous connaissons aussi les caractéristiques biologiques qui sont leurs « points faibles » face au changement climatique, ce qui est un grand atout pour répondre à leurs besoins en matière de conservation ».

L’étude présente aussi les premières cartes à l’échelle mondiale de la vulnérabilité au changement climatique des groupes d’espèces étudiés; elles montrent que l’Amazone héberge les plus grandes concentrations d’oiseaux et d’amphibiens les plus vulnérables au changement climatique, tandis que le Triangle de corail de l’océan Indien central et du Pacifique occidental abrite la plupart des coraux vulnérables au changement climatique.

« Il est toujours incertain de prévoir l’avenir, c’est pourquoi nous avons besoin d’une variété de méthodes pour évaluer les risques auxquels nous sommes confrontés, » dit Simon Stuart, Président de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN et l’un des auteurs de l’étude. « Cette nouvelle méthode complète parfaitement celles plus traditionnelles employées jusqu’à présent. Lorsque plusieurs méthodes arrivent aux mêmes résultats alarmants, nous devons être très attentifs et prendre des mesures pour les prévenir. »

Cette nouvelle méthode a déjà été appliquée à la région riche en espèces du Rift Albertin, en Afrique centrale et orientale, afin de déterminer quelles espèces végétales et animales importantes pour l’homme risquent le plus de subir un déclin lié au changement climatique. Il s’agit de 33 espèces de plantes utilisées comme combustibles, matériaux de construction, nourriture et médicaments, de 19 espèces de poissons d’eau douce représentant une source importante de nourriture et de revenus pour les communautés locales et de 24 espèces de mammifères utilisées principalement comme source de nourriture également.

« L’étude a montré que la population de la région dépend considérablement des espèces sauvages pour ses moyens d’existence, ce qui sera sans aucun doute bouleversé par le changement climatique », dit Jamie Carr, du Programme mondial des espèces de l’UICN, auteur principal de l’étude sur le Rift Albertin. « Les effets sont particulièrement importants pour les populations les plus pauvres et les plus marginalisées, qui dépendent plus directement des espèces sauvages pour subvenir à leurs besoin vitaux. »

Note de la rédaction
L’étude, Identifying the World's Most Climate Change Vulnerable Species: A Trait-Based Assessment of all Birds, Amphibians and Corals (Identifier les espèces les plus vulnérables au changement climatique dans le monde : une évaluation de tous les oiseaux, les amphibiens et les coraux fondée sur leurs caractéristiques biologiques), et le rapport, Vital but vulnerable: climate change vulnerability and human use of wildlife in Africa’s Albertine Rift (Vitales mais vulnérables: la vulnérabilité au changement climatique et les utilisations humaines des espèces sauvages dans le Rift Albertin africain), ont été financés par la Fondation John D. et Catherine T. MacArthur avec des contributions du Zoo d’Indianapolis.

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Ewa Magiera, Relations médias UICN, tél. +41 22 999 0346, mobile +41 79 856 76 26, ewa.magiera@iucn.org
Lynne Labanne, Programme mondial des espèces de l’UICN, mobile +41 79 527 7221, lynne.labanne@iucn.org