Communiqué de presse | 28 Mai, 2010

Risques contre profits!

À cause de la distance,  des courants dominants et des vents, la marée noire qui dérive le long des côtes sud des Etats-Unis n’affectera probablement pas directement les Caraïbes. Cependant, les évènements des dernières semaines dans le Golf du Mexique doivent être considérés comme un sérieux message d’alarme pour quelconque pays qui commercialise ses ressources pétrolières sous-marines, spécialement ceux qui comptent beaucoup sur le tourisme comme dans l'ensemble des Caraïbes. Comment les gouvernements et les preneurs de décision vont désormais faire pencher la balance entre les profits et les risques ?

 

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Photo: US Coast Guards

Comme le dit le Dr. William Jackson (Directeur Général Député de la UICN) dans une interview accordée à la BBC : « le monde changea un jour d’été de 1858 dans un champs de Pennsylvanie (USA) où le premier forage profond de pétrole fut creusé ». Pendant les décennies qui suivirent, l’extraction de pétrole a mené l’économie mondiale à un point de non retour : une économie basée sur une ressource polluante et limitée. Par voie de conséquence, malgré les nombreuses études connues de tous qui montraient que les stocks de pétrole étaient presque vides, l’extraction de pétrole a toujours eu le dernier mot sur les décisions politiques en raison des besoins économiques élevés. Les compagnies pétrolières ont consciemment surpassé les connaissances technologiques en extraction très profonde de pétrole et les procédures opérationnelles ainsi que les préventions pour minimiser les risques environnementaux semblent avoir été dramatiquement oubliées, au regard de la dévastatrice marée noire qui sévit dans le Golf du Mexique.

L’Administration Etatsunienne n’a pas attendu pour protéger son secteur touristique qui pèse plus de 65 milliards de dollars et a déclaré l’état d’urgence. En comparaison avec les Caraïbes, combien de nations qui encouragent l’extension de plateforme pétrolière sur leur territoire pourraient faire face à un tel désastre ? Qu’est-il fait pour garantir la sécurité des installations en mer ? Que vont favoriser les gouvernements Caribéens à l’avenir : les contrats très lucratifs proposés par les compagnies pétrolières pour étendre leurs installations ou le risque de dégâts environnementaux qui les accompagnent ? Dans la mer des Caraïbes, ont été découvert deux couches très profondes de roche détenant du pétrole, ainsi que des failles tectoniques remplies de gaz et de pétrole. Pendant que les compagnies pétrolières préparent leur extension de production dans ces régions insulaires, BP soutient une campagne d’urgence qui lui coûte plusieurs millions de dollars par jours, disperse des matières chimiques et ruine l’écosystème du Golf du Mexique. Dans le même temps, nonobstant le Moratorium sur les nouveaux forages en eaux profondes annoncé par le Président Obama le 14 mai, l’Acte de Politique Environnemental National et l’Acte des Espèces Menacées qui s’appliquent aux Etats-Unis et qui interdisent que les projets d’exploration ne voient le jour si des études environnementales détaillées qui minimisent les risques potentiels ne sont pas éditées, au moins sept nouveaux permis pour divers types de forages et cinq communiqués environnementaux pour des projets d’extraction ont été accordés, selon les données officielles.

Malheureusement, bien que BP se démène de son mieux pour effacer son énorme bévue, il sera impossible d’annuler le dégât immense causé à l’écosystème par la marée noire. Aussi loin que la technologie puisse progresser, les jours de l’accès facile au pétrole sont révolus et ceci est une bonne nouvelle pour l’environnement. Les problématiques énergétiques modernes sont déjà bien connues mais l’économie semble fidèle à ses bienfaiteurs. Les questions soulevées durant ces dernières semaines renvoient à une vieille rengaine économique de poids et de balance ;  les gouvernements doivent en être à un calcul très simple : quel est le plus rentable entre une ressource limitée en extinction comme le pétrole et un secteur lucratif croissant comme le tourisme ? En réalité, les géants du pétrole ont déjà donné la réponse il y a quelques années quand ils commencèrent la construction de gigantesques complexes touristiques à Dubaï (Emirats Arabes Unis), dans le but de palier la fin des ressources pétrolières.

 

Ulysse Lichtlé

Stagiaire en Communication,
Office Régionale pour la Méso-Amérique et l'Initiative Caribéenne.

Email: ulysse.lichtle@iucn.org