Communiqué de presse | 11 Nov, 2007

Six espèces d’ours sur huit sont menacées d’extinction

D’après les récentes évaluations des Groupes CSE/UICN des spécialistes des ours et de l’ours blanc, l’Asie et l’Amérique du Sud se sont avérées être les régions qui ont le plus besoin de conservation active

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Photo: David Garshelis

La plus petite espèce d’ours au monde, l’ours malais (ou ours des cocotiers - Helarctos malayanus) a été classée comme Vulnérable alors que le panda géant (Ailuropoda melanoleuca) reste dans la catégorie En danger sur la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées.

Le nouveau statut de l’ours malais a été accepté pour inclusion dans la Liste rouge 2007 de l’UICN. L’ours malais vit principalement en Asie du sud-est, tant sur le continent qu’à Sumatra et Bornéo, et il était auparavant classé comme Données insuffisantes, ce qui voulait dire que l’on savait trop peu de choses sur cette espèce pour lui attribuer un statut dans la Liste rouge de l’UICN.

Rob Steinmetz, le co-président de l’équipe d’experts de l’ours malais du Groupe CSE/UICN de spécialistes des ours, a déclaré : « Bien que nous ayons encore beaucoup à apprendre au sujet de la biologie et de l’écologie de cette espèce, nous sommes tout à fait certains qu’elle a des problèmes. Nous estimons que les ours malais ont diminué d’au moins 30% au cours des 30 dernières années (trois générations d’ours) et que le déclin se poursuit au même rythme.

La déforestation a réduit la superficie et la qualité de leur habitat. Là où l’habitat est aujourd’hui protégé, le braconnage commercial reste une menace significative. Nous œuvrons avec les gouvernements, les gestionnaires des aires protégées, les groupes impliqués dans la conservation et les populations locales pour tenter d’empêcher l’extinction des nombreuses petites populations d’ours malais qui sont désormais isolées dans beaucoup de régions de l’Asie du sud-est. »

Le seul ours qui soit considéré En danger est le panda géant. Son statut reste inchangé malgré les énormes efforts qui ont été déployés en Chine pour sa conservation, tels que la création de près de 60 réserves de pandas, l’interdiction d’exploiter les arbres et de vastes programmes de reforestation.

Dave Garshelis, co-président du Groupe CSE/UICN de spécialistes des ours, dit : « On sait beaucoup de choses sur l’écologie des pandas géants, et des travaux et des dépenses importants ont été investis pour tenter d’estimer le nombre total de ces animaux. Pourtant, ces estimations restent imprécises et sujettes à des erreurs significatives.

Même si certaines personnes ont proclamé que les populations de pandas étaient en augmentation, nous les considérons quand même « En danger » parce qu’il subsiste trop d’incertitudes pour pouvoir modifier leur statut et les classer « Vulnérable ». Il serait présomptueux de croire qu’en moins de dix ans, les nouvelles politiques d’amélioration de leur habitat mises en œuvre par la Chine aient permis aux populations de pandas d’augmenter de façon spectaculaire. »

Bien que la chasse à l’ours soit illégale dans toute l’Asie du Sud, les ours paient un lourd tribut aux braconniers qui parient sur le faible risque d’être pris pour tirer des profits très lucratifs en vendant des parties de l’animal. La bile extraite de la vésicule biliaire des ours est utilisée en médecine traditionnelle chinoise, et leurs pattes sont considérées comme des mets de choix. De plus, il arrive souvent que des ours soient tués lorsqu’ils s’attaquent au bétail ou qu’ils dévastent des cultures. Des ours qui rôdent autour d’un village risquent aussi d’être abattus parce qu’ils sont considérés comme une menace pour la sécurité humaine.

Dave Garshelis commente : « Bien que les estimations des populations d’ours pour l’Asie ne soient pas aussi fiables que nous le souhaiterions, nous estimons que les ours d’Asie du sud-est sont en diminution particulièrement rapide en raison de la perte considérable des habitats forestiers combinée à un braconnage endémique. »

Le 10 novembre, le Groupe de spécialistes des ours a clôturé une réunion à Monterrey, au Mexique, où il a mis à jour le statut des sept espèces d’ours terrestres.

Les espèces « Vulnérables » incluent l’ours noir asiatique et l’ours lippu, vivant tous deux en Asie, ainsi que l’ours andin (anciennement ours à lunettes), de la cordillère des Andes en Amérique du Sud.
Les ours lippus vivent sur le sous-continent indien où la perte d’habitat est très sévère. Ils ont trouvé principalement refuge dans des réserves créées pour protéger les tigres. Le Groupe CSE/UICN de spécialistes des ours a indiqué que cette espèce pouvait avoir disparu complètement du Bangladesh au cours de la dernière décennie.

L’ours brun, l’ursidé le plus répandu, n’est pas classé parmi les espèces menacées au plan mondial parce qu’il en subsiste un grand nombre en Russie, au Canada, en Alaska et dans certaines régions d’Europe. Néanmoins, il existe de très petites populations, isolées et très vulnérables, dans le Sud de l’Europe et dans le Sud et le Centre de l’Asie. Plusieurs populations d’ours bruns sont protégées par des législations nationales ou provinciales. Les grizzlis – qui sont les ours bruns vivant dans les terres intérieures de l’Amérique du Nord – sont considérés comme « menacés » dans le U.S. Endangered Species Act en dehors de l’Alaska.

En 2006, l’ours polaire a été classé comme « Vulnérable » dans la Liste rouge de l’UICN. Techniquement marin, l’ours polaire se distingue des sept autres ours terrestres et relève d’un Groupe de spécialistes distinct.

Parmi les huit espèces d’ours, seul l’ours noir américain est en sécurité dans toute son aire de répartition qui comprend le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Au nombre de 900.000, les ours noirs américains sont plus de deux fois plus nombreux que toutes les autres espèces d’ours réunies. Leur chasse est légale dans la plus grande partie de leur aire de répartition.

Bruce McLellan, co-président du Groupe CSE/UICN de spécialistes des ours, dit : « Des efforts et des fonds considérables continuent à appuyer la conservation et la gestion des ours nord-américains alors que leur statut est relativement favorable. Il est dommage que si peu soit consacré aux ours d’Asie et d’Amérique du Sud où les besoins sont gigantesques. Nous essayons de modifier cette situation mais les progrès sont lents. »

Liste rouge de l’UICN des espèces menacées – Statut de conservation des ours du monde entier

  1. Panda géant (Ailuropoda melanoleuca) – En danger (EN)
    [Factsheet - PDF]
  2. Ours malais (Helarctos malayanus) – Vulnérable (VU)
    [Factsheet - PDF]
  3. Ours noir d’Asie (Ursus thibetanus) – Vulnérable (VU)
    [Factsheet - PDF]
  4. Ours lippu (Melursus ursinus) – Vulnérable (VU)
    [Factsheet - PDF]
  5. Ours andin (Tremarctos ornatus) – Vulnérable (VU)
    [Factsheet - PDF]
  6. Ours polaire (Ursus maritimus) – Vulnérable (VU)
    [Factsheet - PDF]
  7. Ours brun (Ursus arctos) – Préoccupation mineure (LC)
    [Factsheet - PDF]
  8. Ours noir américain (Ursus americanus) – Préoccupation mineure (LC)
    [Factsheet - PDF]

 

Note aux rédacteurs

Pour d'autres informations/entretiens avec des porte-parole de l'UICN, veuillez contacter :

Sarah Halls, Chargée des relations avec la presse, Tel: +41 22 999 0127; Mob: +41 79 24 72 926; Fax: +41 22 999 0020; Email: sarah.halls@iucn.org; Web: www.iucn.org

Photos disponibles sur demande à sarah.halls@iucn.org

Informations complémentaires

  • La Liste rouge de l'UICN des espèces menacées classe les espèces selon le risque d'extinction. C'est une base de données en ligne avec moteur de recherche présentant l’état mondial de plus de 41 000 espèces ainsi que des informations complémentaires sur ces espèces. Le but est, avant tout, d'identifier et de décrire les espèces qui ont le plus besoin de mesures de conservation et de fournir un indice de l'état de la biodiversité.
  • Les catégories de menaces pour la Liste rouge de l'UICN sont les suivantes, par ordre décroissant :
    • Éteint ou Éteint à l’état sauvage ;
    • En danger critique d'extinction, En danger et Vulnérable : espèce menacée d'extinction à l'échelon mondial ;
    • Quasi menacé : espèce proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée en l’absence de mesures de conservation spécifiques et permanentes ;
    • Préoccupation mineure : espèce pour laquelle le risque d'extinction est faible ;
    • Données insuffisantes : il n'y a pas eu d'évaluation parce qu'il n'y avait pas assez de données.
  • En danger critique d’extinction (Peut-être éteint) : ce n’est pas une nouvelle catégorie pour la Liste rouge mais un descriptif conçu pour les espèces En danger critique d’extinction qui, en toute probabilité, sont déjà Éteintes mais dont l’extinction doit être confirmée (par exemple si des études plus approfondies ne permettent pas de trouver le moindre individu).
  • Le nombre total d'espèces vivant sur la planète est inconnu ; les estimations varient entre 10 et 100 millions, 15 millions étant le chiffre le plus généralement accepté. On connaît aujourd'hui 1,7 à 1,8 million d'espèces.
  • L'homme, soit directement soit indirectement, est le principal responsable de la majeure partie du déclin des espèces. La destruction et la dégradation de l'habitat continuent d'être les causes premières du déclin des espèces, parallèlement à des menaces trop familières : espèces envahissantes introduites, prélèvement non durable, chasse excessive, pollution et maladies. Et de plus en plus, les changements climatiques sont reconnus comme une menace grave en mesure d’amplifier le danger.
  • Des analyses approfondies de la Liste rouge sont publiées tous les quatre ans. Il y a eu des analyses en 1996, 2000 et 2004. L'évaluation mondiale des espèces 2004 (Global Species Assessment) peut être consultée à l'adresse : https://www.iucn.org/themes/ssc/red_list_2004/2004home.htm
  • À ce jour, les principales conclusions sont :
    • Dans presque tous les grands groupes taxonomiques, le nombre d'espèces menacées augmente.
    • Les indices Liste rouge, un nouvel outil de mesure des tendances du risque d'extinction sont importants pour le suivi des progrès vers l'objectif 2010 de réduction de la perte de biodiversité. Ils sont disponibles pour les oiseaux et les amphibiens et montrent que leur état s'est constamment détérioré depuis les années 1980. Un indice Liste rouge de l’UICN peut être calculé pour tout groupe ayant été évalué au moins deux fois.
    • La plupart des oiseaux, mammifères et amphibiens menacés se trouvent dans les régions tropicales continentales – là où l'on trouve des forêts tropicales caducifoliées qui abriteraient la majorité des espèces terrestres et d'eau douce de la planète.
    • Parmi les pays évalués, l’Australie, le Brésil, la Chine et le Mexique possèdent un nombre d'espèces menacées particulièrement élevé.
    • Les estimations varient fortement mais le taux d'extinction actuel est au moins 100 à 1000 fois supérieur au taux naturel.
    • Depuis 1500 de notre ère, la vaste majorité des extinctions s'est produite sur les îles océaniques mais depuis 20 ans, les extinctions continentales sont devenues aussi communes que les extinctions insulaires.
  • Toutes les mises à jour de la Liste rouge de l'UICN contribuent à une évaluation mondiale de la biodiversité. Des travaux sont en cours pour réévaluer l'état de tous les mammifères (environ 6000 espèces) et de tous les oiseaux (environ 10 000 espèces) et pour évaluer, pour la première fois, tous les reptiles (environ 8000 espèces) et tous les poissons d'eau douce (environ 13 000 espèces). La première évaluation mondiale de tous les amphibiens (environ 6000 espèces) s'est terminée en 2004.
  • La Liste rouge de l'UICN des espèces menacéesTM est le résultat d'un effort conjoint entre l'UICN et sa Commission de la sauvegarde des espèces (web), en collaboration avec les partenaires de la Liste rouge BirdLife International www.birdlife.org, le Center for Applied Biodiversity Science de Conservation International www.conservation.org, NatureServe www.natureserve.org et la Zoological Society of London www.zsl.org.

 À propos de l'Union mondiale pour la nature (UICN)

Fondée en 1948, l'Union mondiale pour la nature (UICN) rassemble 84 États, 108 organismes publics, plus de 800 organisations non gouvernementales et quelque 10 000 scientifiques et experts de 147 pays au sein d'un partenariat mondial unique. L'Union a pour mission d’influer sur les sociétés du monde entier, de les encourager et de les aider pour qu’elles conservent l’intégrité et la diversité de la nature et veillent à ce que toute utilisation des ressources naturelles soit équitable et écologiquement durable.

L'Union mondiale pour la nature est le plus vaste réseau de connaissances sur l'environnement dans le monde. Elle a aidé plus de 75 pays à préparer et appliquer des stratégies en matière de conservation et de diversité biologique. L'Union est une organisation pluriculturelle et multilingue qui a 1000 employés basés dans 62 pays. Son siège se trouve à Gland, en Suisse.
www.iucn.org

À propos de la Commission de la sauvegarde des espèces (CSE) et du Programme pour les espèces de l'UICN
La Commission de la sauvegarde des espèces (CSE) est la plus grande des six Commissions bénévoles de l'UICN avec un réseau mondial d'environ 7000 experts. La CSE conseille l'UICN et ses membres sur les nombreux aspects techniques et scientifiques de la conservation des espèces et consacre ses efforts à préserver l'avenir de la diversité biologique. La CSE apporte une contribution notable aux accords internationaux concernant la conservation de la diversité biologique. Web

Le Programme de l'UICN pour les espèces soutient les activités de la Commission de la sauvegarde des espèces de l'UICN et de ses groupes de spécialistes, tout en appliquant des initiatives de conservation des espèces au niveau mondial. Il fait partie intégrante du Secrétariat de l'UICN et il est géré depuis le Siège international de l’UICN à Gland, en Suisse. Le Programme pour les espèces comprend plusieurs unités techniques qui se consacrent au commerce et à l'utilisation des espèces sauvages, à la Liste rouge, aux évaluations de la biodiversité des eaux douces (toutes se trouvent à Cambridge, Royaume-Uni) et à l'évaluation de la biodiversité mondiale (située à Washington, États-Unis).