Moins fort ! Un nouveau guide de l’UICN aide à comprendre les impacts des études sismiques sur les espèces marines
Honolulu, Hawai'i, 2 septembre (UICN) – Un guide lancé aujourd’hui par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) expose les bonnes pratiques pour que les études sismiques et autres formes de cartographie sous-marine soient plus respectueuses de l’environnement, dans l’objectif de minimiser les impacts négatifs du bruit intense sur la vie marine.
Ce guide a été lancé lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN qui se déroule actuellement à Hawai'i, États-Unis.
Les baleines et autres cétacés, pinnipèdes, tortues, poissons et autres créatures marines peuvent entendre les bruits intenses produits par les études sismiques. L’effet de telles opérations sur les espèces peut être ressenti sur de très grandes zones océaniques, et entraîner chez elles une perturbation des communications, du stress et des changements comportementaux comme l’évitement de l’habitat principal.
« Le bruit engendré par les études séismiques peut perturber les fonctions vitales essentielles des espèces marines, comme la reproduction, l’allaitement et le ravitaillement » affirme Carl Gustaf Lundin, Directeur du Programme mondial Milieu marin et polaire de l’UICN. « Il est donc essentiel de baisser le volume et de veiller à ce que les études soient réalisées de façon plus respectueuse pour l’environnement. Le nouveau guide de l’UICN nous aidera en ce sens. »
Ce guide a été préparé pour les gouvernements, les industries et les scientifiques impliqués dans la planification et la réalisation d’études sismiques et autres formes de cartographie sous-marine en haute-mer. Il expose les bonnes pratiques et les outils pour l’ensemble du processus, qu’il s’agisse de la planification de l’étude, de la conduite des opérations, de l’évaluation des impacts potentiels ou de la minimisation et du suivi des risques pour les espèces marines vulnérables.
Dans les études sismiques, des pistolets à air tractés derrière les navires tirent de façon répétée de puissantes salves sonores. Les capteurs mesurent les échos d’ondes afin de visualiser en détail les fonds sous-marins et les structures géologiques sous-jacentes à une profondeur de plusieurs kilomètres. Le son est un outil puissant pour l’imagerie et l’étude du fond sous-marin. Il est utilisé principalement par l’industrie énergétique pour signaler la localisation de pétrole ou de gaz. Ces études sont également utilisées pour cartographier le plateau continental ou pour trouver les meilleurs sites pour les nouveaux projets d’énergie éolienne offshore.
Le guide de l’UICN permet d'évaluer le risque potentiel de plusieurs études sur la vie marine et insiste sur l’importance de prendre en compte les circonstances spécifiques de chaque site. Les principaux facteurs à prendre en compte sont, entre autres, le cycle de vie et le statut de la population d’espèces locales, les caractéristiques et l’histoire environnementales, et la nature des autres opérations dans la zone concernée.
« Notre guide se base sur les meilleures connaissances scientifiques et méthodes disponibles » affirme Douglas Nowacek, de l’université de Duke, co-auteur et membre du Groupe de spécialistes des cétacés de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN. « Il s’appuie sur l’observation d’opérations et les efforts de suivi et d’atténuation associés, et court sur plusieurs décennies d’études industrielles et géophysiques. »
« Plus que jamais, il est aujourd’hui possible d’avoir une approche structurée en matière de planification et de réalisation d'études sismiques et d’autres formes de cartographie des fonds marins qui soit respectueuse de l’environnement, grâce aux enseignements tirés des précédentes opérations, à une recherche continue et aux améliorations technologiques » ajoute le deuxième co-auteur, M. Brandon Southall, de Southall Environment Associates Inc. et de l’université de Californie, Santa Cruz. « Ce guide aidera les responsables et décideurs politiques à se retrouver dans le processus. »
La prise de conscience croissante du problème du bruit anthropique dans l’océan s’est accompagnée d’une plus grande implication des gouvernements et des législateurs. En parallèle aux efforts de l’UICN, l’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), par exemple, met au point une stratégie nationale pour réduire le bruit sous-marin, dont un projet a été publié plus tôt cette année.
Les gouvernements du monde, Parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies, devraient adopter plusieurs mesures recommandées par les scientifiques pour lutter contre les impacts du bruit sous-marin sur la biodiversité marine et côtière lors de la prochaine réunion de la CDB qui aura lieu au Mexique, en décembre 2016.
Lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN 2004, les Membres de l'UICN avaient exprimé leur préoccupation quant à l’augmentation des niveaux sonores au cours du XXe siècle, du fait des activités humaines comme l’exploitation et la production de pétrole, de gaz et de minéraux, le trafic maritime et les tests et l’entraînement militaires. Depuis, l’UICN a travaillé avec des gouvernements et le secteur industriel pour identifier et mettre en œuvre des mesures encourageant la réduction du bruit océanique anthropique. Elle s’est par exemple appuyée sur l’expérience de son Groupe consultatif sur la baleine grise occidentale, un groupe indépendant de scientifiques réalisant notamment des programmes exhaustifs de suivi et d’atténuation pour les études sismiques dans la zone sensible pour les baleines située au large de l’ile russe de Sakhaline. Elle a également intégré des contributions de membres de l’industrie du pétrole et du gaz, de législateurs et d’autres experts impliqués dans ce domaine dans d’autres régions du monde.
Lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui se déroule du 1e au 10 septembre 2016 à Hawai'i, États-Unis, plusieurs sessions seront consacrées à l'étude des impacts des activités humaines sur le milieu marin, et certaines se pencheront également sur les bonnes pratiques de l’industrie, par exemple dans le secteur pétrolier et gazier.
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